L’acoustique et l’antivibration s’attaquent à des nuisances qui semblent parfois identiques — « le bruit » — mais qui ont des origines physiques très différentes. Comprendre cette différence, c’est éviter des interventions coûteuses et souvent inefficaces. Ci-dessous, nous faisons clairement la différence, nous présentons les familles de produits associées et expliquons dans quels contextes les utiliser.
Qu’est-ce que l’acoustique ?
L’acoustique traite de l’énergie sonore qui se propage dans l’air. Concrètement, il s’agit du son tel qu’on le perçoit : tonalités, souffle d’un flux d’air, sifflement d’un ventilateur, rayonnement d’une génératrice, bruit sur les chantiers de contruction, etc. Les solutions acoustiques cherchent soit à réduire le son émis par la source, soit à interrompre ou à absorber son trajet vers le récepteur (personne, pièce voisine, façade). On évalue l’acoustique avec des mesures de pression acoustique (dBA), aussi appelé décibels, et on étudie les fréquences pour déterminer les solutions les plus efficaces.
Règlementation concernant le bruit
L’acoustique est fortement encadrée par des lois et règlements visant à protéger la santé et la qualité de vie des citoyens contre les nuisances sonores. Ces normes varient selon les juridictions (fédérales, provinciales, municipales) mais établissent généralement :
- Des niveaux sonores maximaux permis (dBA) dans différents environnements (résidentiel, industriel, commercial, voisinage).
- Des exigences de transmission du son pour les structures de bâtiment (par exemple, les cotes ITR – Indice de Transmission du Son, ou NIC – Noise Isolation Class) pour garantir une isolation adéquate entre unités ou pièces.
Le respect de ces lois passe souvent par l’application de principes acoustiques de base lors de la construction ou l’ajout d’équipement (sur les toits, les enceintes, les chantiers de contruction, etc). Plusieurs solutions sont offertes en fonction de la source, du type de bruit, du niveau sonore, etc.
Les entreprises font souvent appel à des ingénieurs acoustiques qui viendront effectuer une étude de bruits et émettront un rapport qui confirmera la confirmité du niveau sonore ou proposera des pistes de solutions afin de réduire la polution par le bruit.
Produits associés à l’acoustique et quand les utiliser
Une fois que la source du bruit est bien identifiée et en fonction de l’endroit et du débit sonore, plusieurs solutions sont effertes. Les principales sont:
- Silencieux acoustiques (duct silencers) : installés aux entrées et sorties d’air des systèmes de ventilation et dans les salles mécaniques. Ils réduisent le bruit lié à l’écoulement d’air et les tonalités de ventilation. Les silencieux sont souvent dimensionnés et testés selon des normes (ex. ASTM E-477) pour garantir leurs performances.
- Panneaux et écrans acoustiques : utilisés en intérieur comme en extérieur pour créer une barrière visuelle et acoustique autour d’une source (génératrice, ventilateur, tour d’eau, chantiers de contruction). Ils coupent la ligne de visée acoustique et absorbent l’énergie, ce qui est utile près d’espaces occupés ou de façades sensibles.
- Caissons / enclosures : solutions « clé en main » pour compresseurs, génératrices et autres machines très rayonnantes. Le caisson limite fortement le rayonnement sonore et facilite la conformité aux objectifs en dB.
On choisit une solution acoustique quand la nuisance est principalement air-borne — c’est-à-dire que l’on entend le son directement transmis par l’air, et non via la structure du bâtiment.
Qu’est-ce que l’antivibration ?
L’antivibration s’attache aux mouvements mécaniques : déplacements, oscillations, accélérations d’une machine ou d’un composant. Ces vibrations se propagent dans la structure (plancher, mezzanine, tuyauterie) et peuvent se traduire par des bruits secondaires, de la fatigue mécanique, du desserrage d’assemblages ou de l’inconfort pour les occupants. L’objectif de l’antivibration est d’empêcher l’énergie mécanique de quitter la source ou d’en diminuer l’amplitude avant qu’elle n’atteigne la structure.
Produits associés à l’antivibration et quand les utiliser
- Coussins anti-vibration (damping pads — séries DP, blues foam, RCR, RP, RSR) : déposés sous unités de ventilation, pompes (horizontales et verticales) ou matériel de plomberie. Ils amortissent l’énergie au point d’appui et sont pratiques en retrofit. Le choix dépend de la dureté du caoutchouc, de l’épaisseur et de la résistance aux huiles ou aux liquides.
- Plots élastomères (rubber mounts / floor mounts — VIB, VIBS, etc.) : conçus pour équipements qui doivent être boulonnés au sol (condenseurs, transformateurs, refroidisseurs). Ils combinent maintien mécanique et isolation. On distingue modèles sismiques et non-sismiques selon les exigences du site.
- Isolateurs au plancher (SM1, SM2, VSR1, VSR2) : utilisés sous machines lourdes sur mezzanines ou étages sensibles. Ces isolateurs offrent une déflection (par ex. 1″ ou 2″) qui est efficace pour les basses fréquences, là où une simple mousse ne suffit pas. Ils sont préférés quand la tonalité vibratoire est critique.
- Isolateurs suspendus (series EHD, SHE, SHM, SHL, etc.) : destinés aux équipements suspendus (ventilateurs, ventilo-convecteurs, tuyauterie). Ils protègent la dalle et la structure en absorbant les vibrations transmises. Par défaut, ces isolateurs ne sont pas sismiques — il faut ajouter des câbles sismiques lorsque le code le demande.
- Support de pompe (modèle VPS, approuvé sismique) : pour pompes verticales, il assure la fixation au sol tout en atténuant la vibration. Il convient d’installer des grommets et des coussins complémentaires (RSR) pour absorber les hautes fréquences.
- Rail anti-vibration sismique (extrusion aluminium) : conçu pour unités rooftop et ventilateurs lourds en toiture ; il offre une déflection recommandée (ex. 1″) et s’adapte à diverses tailles et marques d’unités.
- Base d’inertie (sur mesure) : solution pour machines très puissantes (surpresseurs, grandes pompes, ventilateurs HP). En augmentant la masse du support, on modifie la dynamique et on réduit l’amplitude de vibration transmise. Ces bases sont dimensionnées en fonction du HP et des caractéristiques vibratoires de l’équipement.
Comment choisir entre acoustique et antivibration (ou quand combiner)
La démarche commence toujours par la mesure et l’analyse : déterminer si la gêne est air-borne (mesure en dB, son direct) ou structure-borne (vibrations mesurables en mm/s ou m/s², sensation tactile, résonances). Si la source vibre fortement et que l’on observe des transmissions dans la structure (plancher qui tremble, tuyaux qui chante), l’antivibration est prioritaire. Si le problème est un sifflement d’air ou un rayonnement sonore orienté vers une façade ou un voisin, les traitements acoustiques sont la voie à suivre.
Dans de nombreux cas — pompe qui vibre et qui « fait du bruit » — la solution efficace combine les deux : isolation mécanique (pads, plots, base d’inertie) pour couper la transmission structurelle, puis silencieux, panneaux ou caisson pour réduire le rayonnement acoustique résiduel.
Quelques règles pratiques pour la mise en œuvre
- Mesurer avant d’agir : fixer un objectif chiffré (réduction en dB, valeur de vibration à ne pas dépasser).
- Tenir compte de l’environnement : présence d’huile, humidité, exposition extérieure — ces facteurs orientent le choix des matériaux.
- Respecter les exigences sismiques : certains isolateurs sont non-sismiques et nécessitent des câbles ou des modèles certifiés selon le bâtiment.
- Tester après installation : mesurer à nouveau et ajuster (changer la dureté d’un pad, ajouter masse, modifier l’enclosure).
Conclusion
Acoustique et antivibration répondent à des besoins distincts, mais complémentaires. Une bonne intervention naît d’un diagnostic rigoureux : comprendre la source, mesurer les niveaux et choisir la technologie adaptée. En formation, l’objectif est de donner aux équipes les repères pour poser le bon diagnostic, sélectionner le produit adéquat (pads, plots, isolateurs suspendus, rails, silencieux, panneaux, caissons, bases d’inertie) et vérifier l’efficacité après travaux. Les solutions existent — le rendement dépend de l’analyse et du choix technique.